mercredi 28 mai 2008

Une "pizza antirides" suscite la polémique en Italie !

La création d'une pizza "antirides", à base de farine intégrale et de légumes crus, par un fabriquant de pizzas et un nutritionniste dans la région de Salerne (sud de l'Italie), sème la polémique, les puristes y voyant une grave entorse au plat national, rapporte lundi La Stampa.
La pizza, baptisée "Primula", contient, selon ses inventeurs cités par le journal, trois fois plus de fibres alimentaires qu'une pizza classique et davantage de magnésium et de fer.
Elle ne comprend pas moins de huit légumes ou condiments censés avoir des vertus anti-oxydantes pour lutter contre le vieillissement: tomates, roquette, ail, courgettes, basilic, champignons, carottes, épinards.
Elle a été mise au point par un nutritionniste et bio-chimiste de l'Université de Naples (sud), Eugenio Luigi Iorio, qui s'est associé à un restaurateur, Cosimo Mogavero, dont l'un des établissements, "La Fabbrica dei Sapori", se trouve près de la localité de Battipaglia.
Selon La Stampa, "la pizza anti-âge" aurait été appréciée par le pape. Benoît XVI, âgé de 80 ans, l'aurait goûtée lors d'une dégustation offerte par le restaurateur à l'occasion de la fête de la gendarmerie du Vatican.
Cette nouvelle pizza a suscité l'ire de l'"Association de la vraie pizza napolitaine" déjà hostile à la vente de la pizza en tranches, une pratique aujourd'hui très répandue dans la Péninsule, selon le journal.
L'association considère la pizza à la roquette comme "le dernier sacrilège" en date contre des siècles de tradition, et fait remarquer que le recours à la farine intégrale empêche la bonne levée de la pâte et donc la formation du rebord caractéristique de la pizza napolitaine.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout (ou presque) sur la pizza… Ce tour d’horizon pizzologique, malgré son mièvre sous-titre, aborde un sujet qui parfois fâche : celui de la mondialisation culinaire, avec ses échecs, ses réussites inexpliquées et ses menaces d’uniformisation. L’histoire de la pizza est celle du succès d’un banal disque de pâte au saindoux, aux herbes, rarement à la tomate, et cuit au four, que l’on mangeait à Naples, dans la rue, au xvie siècle. Un simple en-cas populaire, dont chaque province italienne pratiquait une variante locale. Oui, mais voilà : agrémentée de mozzarella, la pizza rossa, rebaptisée Margherita en hommage à l’épouse du roi Umberto Ier, devint un mets patriotique en 1879. Italianisée, la pizza à la tomate entame alors un long voyage vers New York, tandis que son homonyme sans tomate prend la route de Marseille.
Ainsi naquirent, après moult transformations et métissages, deux des variantes qui se disputent actuellement le goût des Français : la pizza italiano-provençale cuite au bois, souvent vendue en camion, et l’American pizza, revenue en Europe tel le père Noël, et distribuée par des magasins à succursales multiples. Avec un luxe de détails considérable, Sylvie Sanchez entreprend alors d’analyser une entité géographique troublante : la diagonale Nantes-Besançon, ligne frontière de la pizzaphilie. Au Nord, c’est – depuis les années 1980 – l’Américaine qui triomphe, au Sud, c’est la Provençale.
Érudite et assortie de témoignages directs, l’enquête se tourne vers plusieurs causes possibles : le terrain gastronomique, les métissages ou cousinages locaux et le rejet de la contrefaçon. Entre la pizza à l’italienne, large, mince et légèrement garnie, et la pizza pan, épaisse et dégoulinante de fromage, une divergence de principe oppose l’étalage horizontal à l’empilement vertical, style hamburger ou club-sandwich. On le voit, ce sont non seulement deux univers gustatifs qui diffèrent, mais des façons de manger pour vivre : tout entassé, pour aller vite et retourner travailler bien lesté, ou petit à petit, pour prendre le temps de bavarder.
Moralité : tous les gens qui croquent une pizza dans le monde ne mangent pas le même produit et surtout ne font pas la même chose, loin de là. L’uniformisation n’est qu’une crainte sans fondement.